Ferme dite "les Grands Ormeaux", actuellement maison

France > Nouvelle-Aquitaine > Vienne > Mignaloux-Beauvoir

Les Grands Ormeaux portaient sous l'Ancien Régime le nom de Milonnière. C'est sous cette appellation qu'un "hébergement" est déjà cité en 1330 lorsqu'il est arrenté par Aimerie Malepeau à Guillaume Peloquin, de Beauvoir. En 1393, parmi ceux qui doivent payer des cens au commandeur de Beauvoir, on note Phelipon Baillit, de la "Milonnère". Le lieu-dit semble constituer, en cette fin du Moyen Age, un petit hameau : en 1398 en effet, des "maisons, courtillages, terres, prés, vignes, bois" sont à leur tour arrentés par Jehan Sabourin à Jehan Cholet et Thomase Orionelle. Certains de ces bâtiments sont en ruines : en 1413, un acte mentionne "des chouses et murages qui furent maisons, lesquelles furent jadis aux Tatins et aux Debourgeas". Le hameau se développe alors sur des terres en limite d'autorité entre l'abbaye de la Trinité de Poitiers et le commandeur de Beauvoir, ce qui va créer plusieurs contentieux au cours des siècles suivants. En 1481, c'est du commandeur de Beauvoir que Jean Guillardon, apothicaire à Poitiers, reçoit des terres autour de la Millonnière. Deux ans plus tard, à la demande de l'abbaye de la Trinité, un procès-verbal de visite des biens appartenant à Marc Guyot dit Moudurier, à Alexandre et Jehan Moudurier ses enfants, et à Jehan Gailhardon dit Camus, cite deux fermes, l'une correspondant à l'actuelle Moudurerie, l'autre appelée "la Menonnière" [terme proche de la Milonnière], "naguères bâtie par Gailhardon". Des bornes sont placées entre la Millonnière et la Moudurerie, au sud, pour distinguer les aires d'influence de l'abbaye de la Trinité, au nord, et de Beauvoir, au sud. La "maison et métairie de la Millonnière" apparaît en tant que telle en 1576. Elle appartient alors à Catherine Caillandry, veuve de François Eschenard, procureur à Poitiers, puis en 1601 à Julien Millet, bourgeois de Poitiers, au nom de son épouse Gabrielle Poupet. Peu après, en 1617, elle est la propriété de Gilles Tellier, écuyer, sieur de la Bouldière, conseiller et échevin de Poitiers. Il rend déclaration à l'abbaye de la Trinité de Poitiers pour ce domaine qui comprend des maisons, des fours, une grange, des étables, des toits et des cours. En 1625 et 1642, c'est cette fois Marie Tissier qui rend déclaration pour la Millonnière, tantôt à l'abbaye de la Trinité, tantôt au commandeur de Beauvoir. Marie Tissier est veuve de Pierre Baron, avocat au présidial de Poitiers et qui se faisait titrer sieur de la Millonnière. Le domaine passe ensuite à leur fille, Catherine Baron et à leur gendre, Paul Ogeron, écuyer, sieur de Moiré, prévôt provincial de la maréchaussée du duché et pairie de Thouars. Le 12 octobre 1653, ils le revendent à Pierre Massoulard, prêtre chapelain de l'église Saint-Didier de Poitiers. Celui-ci en rend encore déclaration en 1676. Le changement de nom entre la Millonnière et les Grands Ormeaux semble intervenir au début du 18e siècle. Le 23 août 1744, François Dupont, marchand à Poitiers, et Suzanne Audinet son épouse rendent déclaration au commandeur de Beauvoir pour "un canton de terre appelé les Grands Ormeaux, anciennement la Milounière, en lequel est un bâtiment de maître qui consiste en trois chambres basses, un grenier par le dessus, et un bâtiment pour le métayer consistant en une chambre basse, un fournioux et un grenier par le dessus, grange, écuries, toits". L'entrée de la métairie est marquée par un portail au-dessus duquel se trouve un colombier. Des murs ferment la grande cour. La Millonnière ou les Grands Ormeaux passent ensuite à la fille des Dupont, Marie-Anne et à leur gendre, Robert de Beauchamps. Entre 1772 et 1777, un procès a lieu entre eux et le commandeur de Beauvoir qui leur réclame le paiement de droits. Le domaine a conservé peu de traces de cette période d'Ancien Régime, en particulier les corbeaux de la porte charretière de la grange : ils datent probablement du 17e ou 18e siècle. La disposition des bâtiments a toutefois peu changé depuis l'établissement du cadastre de 1819. Ce plan indique l'allée qui donne accès au domaine, et qui a depuis perdu ses marroniers ; une mare se trouvait à l'est et été réduite par les constructions récentes ; les bâtiments sont répartis autour de la cour de la même façon aujourd'hui qu'au début du 19e siècle, en particulier le logis en L au sud-est, et la grange au sud-ouest. En 1819, selon le cadastre, les Grands Ormeaux appartiennent à M. Fontaine-Lachallerie, demeurant à Nieul-l'Espoir. Ils passent en 1863 à Jean-Albéric de Mascureaux, de Poitiers, puis en 1882 à Michel-André Plessis, boucher à Poitiers, et en 1913 à Auguste Plessis, son probable descendant, qui demeure aux Grands Ormeaux. Ces propriétaires successifs réalisent de nombreux travaux. Les toits qui ferment aujourd'hui la cour au nord-ouest ont dû être construits au cours du 19e siècle. La grande dépendance en brique et pierre, à l'ouest, semble dater de la fin de ce même siècle. Quant au logis, il a été agrandi en 1905, date inscrite sur le nouveau corps construit à cette époque en prolongement d'une des ailes de l'ancien édifice. Celui-ci a connu plusieurs phases de reconstruction ou de remaniement comme le montrent les traces de reprises sur ses façades et à l'intérieur du serre-bois à gauche de l'entrée de la cour.

Périodes

Principale : 17e siècle (incertitude)

Principale : 18e siècle (incertitude)

Principale : 19e siècle

Principale : 1er quart 20e siècle

Dates

1905, porte la date

Auteurs Auteur : auteur inconnu,

La propriété est accessible par une allée débouchant sur la route de Nouaillé. On pénètre dans la cour par un passage couvert encadré par des dépendances : à gauche un garage couvert en ardoises et un serre-bois, et à droite une étable et une écurie. La cour qui s'ouvre ensuite est délimitée au nord-ouest par des toits à porcs, à l'ouest par une grange et au sud-est par le logis. Le logis présente un plan en L. Son aile nord donne sur la cour, côté nord-ouest, par quatre baies au rez-de-chaussée dont une porte d'escalier à gauche, donnant accès à une ancienne chambre de domestiques et au grenier, et une porte aujourd'hui murée. Une pierre d'évier se trouve entre la seconde baie et cette porte. Sur le côté droit de la façade, entre le logis et une remise accolée à la grange, une porte piétonne couverte donne accès au jardin qui s'étend vers le sud, et à l'aile sud du logis. Celle-ci se prolonge vers le sud-est par le corps de bâtiment construit en 1905. Il donne sur une cour au nord-est, autrefois fermée par un mur et une grille, et il est constitué de deux parties. La partie gauche, au sud-est, comprend un étage de comble et est couverte d'un toit à longs pans et à tuiles creuses ; la partie droite comprend un étage carré, un comble à surcroît et présente un toit à longs pans brisés couvert d'ardoises sur le brisis et de tuiles creuses sur le terrasson. Les deux parties ouvrent chacune par une travée. Celle de droite se prolonge par une lucarne au comble, et la baie de l'étage possède un balcon. Dans l'angle rentrant formé par les deux ailes du logis, à l'est, on remarque une porte à linteau saillant et une descente de cave. A l'intérieur de l'aile nord du logis se trouve tout d'abord une cuisine avec une cheminée à montants obliques et une trappe menant à la cave. Celle-ci est également accessible par la descente de cave observée à l'extérieur. Dans une seconde pièce se trouve une cheminée. Un de ses montants est droit, l'autre oblique. Dans une troisième et dernière pièce, la plus au nord-est, on observe un four. De retour dans la cour principale, on se trouve vers le sud-ouest face à une vaste grange à façade en pignon. Le linteau en bois de sa porte charretière est supporté par deux corbeaux moulurés. Son toit s'étend sur une étable au nord. Des toits à chèvres et à lapins sont accolés à l'arrière, au sud. Au nord-ouest de la grange a pris place une écurie, accompagnée d'un hangar en appentis. Plusieurs de ses ouvertures sont à arc en plein cintre, avec un encadrement en briques.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

  2. Revêtement : enduit

  3. Mise en oeuvre : moellon

Toits
  1. ardoise, tuile creuse
Étages

sous-sol, en rez-de-chaussée, comble à surcroît

Élévations extérieures

élévation ordonnancée sans travées

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

  2. Forme de la couverture : toit à longs pans brisés

Typologie
  1. ferme à bâtiments séparés
Décors/Technique
  1. sculpture
  2. ferronnerie
Décors/Représentation
  1. Representations : fronton

  2. Representations : volute

  3. Representations : chardon


Précision sur la représentation :

Sur la façade nord-est de l'aile sud du logis, la lucarne qui prolonge la travée de droite est surmontée d'un fronton triangulaire et encadrée de volutes. Au-dessous, le balcon de la baie de l'étage est en ferronnerie. Il représente des végétaux, en particulier des chardons.

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Vienne , Mignaloux-Beauvoir , 256 route de Nouaillé

Milieu d'implantation: isolé

Lieu-dit/quartier: les Grands Ormeaux

Cadastre: 1819 F 91, 2004 G1 310, 365, 366, 367

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